Les manifestations anti-globalisation qui se sont produites en juin
dernier pendant la durée du Sommet Européen à Thessalonique (Grèce), ont abouti à des arrestations massives, aux procès de 29 personnes judiciaires et à la mise en prison préventive de huit personnes.

L’emprisonnement de ces huit personnes à été justifié par les accusations de délits de résistance à l’autorité, désordres publics, altération de la paix publique, possession et usage d’armes et d’explosifs. En fonction de ces chefs d’accusation le procureur demande pour tous les prévenus entre 5 et 20 années de prison, en plus de la permanence en prison préventive pour huit d’entre eux qui peut se prolonger jusqu’à 18 mois, en attente du jugement.

Parmi les huit seul le citoyen américain a été remis en liberté
conditionnelle grâce aux pressions de son ambassade et du Forum Social International. Le cas le plus grave c’est celui de Suleiman Abdul venu de la Syrie mais installé en Grêce depuis 18 années. Le procès de ce syrien implique l’ouverture d’un procès d’extradition qui peut entraîner une condamnation à perpétuité chez lui, en Syrie, pour des raisons politiques. Les autres copains enfermés dans une prison à Thessalonique, (Diskasyikes fylakes diavaton Tessaloniki-54012 Tessaloniki-Grece), sont Simon Chapman, de nationalité anglaise, Carlos Martinez et Fernando Perez, de nationalité espagnole, et Spyros Tsistas, de nationalité grecque . Et enfin les deux derniers sont les grecs Michalis Trikapis et Dimitris Friouras, mineurs de 20 ans et par conséquent enfermés dans la prison pour mineurs d’Avlona (Klistes fylakes anilikon Avlona-19011 Avlonas-Grece).

L’examen du procès, auquel ces manifestants anti-globalisation se sont vus soumis, nous montre plusieurs irrégularités qui nous éloignent
sensiblement de la transparence dont un procès judiciaire est tenu
d’assurer. Tout d’abord, les accusations ne s’appuient que sur les uniques preuves apportées par la police (voir les témoignages qui révèlent la saisie aux manifestants des sacs à dos pleins de petits lances-pierres, des écrous et cocktails molotov). Ces sources policières unilatérales présentent en outre des nombreuses irrégularités et des évidences de falsifications (existences de photos où l’on apprécie l’échange par la police du sac à dos d’un des accusés par un autre sac plein d’engins incendiaires : .

Les informations transmises par les médias grecs qui ont couvert tous les événements anti-globalisation à Thessalonique se sont aussi caractérisées par leur partialité et leur manipulation. Jusqu’au jour où les détenus sont passés sous disposition judiciaire (25 Juin), le principal journal grec, Eleftheritipia, et deux télévisions étatiques, ont diffusé des informations alarmistes tout à fait erronées qui identifiaient l’un des détenus espagnols comme un «

leader anarchiste basque recherché dans trois pays de l’Union Européenne

». La seule utilisation des sources policières et le manque absolu d’information diversifiée et objective reflète la mise en place d’une campagne de criminalisation du mouvement anti-globalisation, mais aussi souligne la volonté de nous faire “oublier” d’autres éléments important du procès en attirant notre
attention sur des faits plus que confus.

Tous les accusés ont dénoncé formellement les tortures et les menaces
qu’ils ont subi lors de leur détention dans le commissariat et, plus tard,
dans la prison. Simon Chapman a été sauvagement frappé par la police avec des matraques et un marteau ; Fernando Perez a perdu un dent à cause des coups ; Carlos Martinez s’est vu arracher ses cheveux au cours de sa détention (information confirmée par le consul espagnol à Athènes). Amnistie Internationale a accepté, en conséquent, d’ouvrir un dossier d’investigation autour de ces témoignages de tortures.

L’assistance légale aux détenus est assurée par un groupe d’avocats
organisé dès le début afin de couvrir juridiquement les manifestations
antiglobalisation à Thessalonique. Le 30 Juin, ils ont présenté un recours
en demandant la liberté sans charges à cause des multiples irrégularités
lors des détentions, de la présentation des preuves et des témoignages
policiers. En septembre, suite au refus de ce recours, un nouveau recours a été déposé demandant la liberté sous surveillance en attente du jugement. Refusé par le tribunal, il sera déposé cette semaine devant le Tribunal Supérieur de Justice.

Face à cette situation le copain de Syrie a initié le 21 Septembre une
grève de la faim indéfinie afin d’empêcher sa déportation en Syrie ou
l’attend une condamnation à perpétuité. Immédiatement les quatre autres détenus (non mineurs) ont suivi en solidarité l’action et les
revendications de leur copain syrien, pour alerter également sur l’abandon auquel ils sont soumis. Bien que la grève de la faim est un droit reconnu par le code pénal grec, dès le début ils ont été réprimés par l’interdiction de sorties dans la cour et par la suppression de toutes les visites sauf celles de leurs avocats. Ces dures mesures de dissuasion n’ont pas empêché la continuation de la grève, qui se prolonge déjà depuis plus d’un mois, avec la volonté d’obtenir la reconsidération de leurs cas par les pouvoirs judiciaires. Cette mesure de pression extrême entraîne des dégradations physiques importantes comme la perte de poids, de graves problèmes de pression artérielle, et même de possibles affections irréversibles de certains organes . Le copain Carlos Martinez à été déjà transporté à l’hôpital où les autorités policières essaient, contre sa volonté, de l’obliger à changer d’avis quant à sa grève de la faim.

La réponse internationale s’est déjà exprimée lors de manifestations de
solidarité dans différentes villes européennes (Berlín, Milan, Amsterdam,
Thessalonique, Athènes, Madrid…). Parallèlement, se met en place la
réalisation de différents débats, projections, concerts, journées
thématiques et des actions de protestation. Quelques exemples, parmi
d’autres, sont le jeûne solidaire et rotatif face au ministère des affaires extérieures à Madrid ou le déploiement d’une pancarte de 14 mètres à la Tower Bridge de Londres.

Un appel est lancé à tous les acteurs sociaux et politiques participants à des luttes contre la globalisation capitaliste pour qu’ils fassent tout
leur possible pour obtenir la libération des sept détenus à Thessalonique. Les moyens de pression sont nombreux et variés : des manifestations, des actions de visualisation et de médiatisation, des appels et discussions publiques, des courriers aux ambassades, des lettres auprès de la juge chargée du dossier. Il faut agir vite car la situation est extrême, la globalisation capitaliste se présente aussi dans ses mécanismes de répression employés à dissuader et effacer l’expression publique des mouvements contestaires.

Il faut demander bien fort la liberté de ces 7 copains anti-globalisation,
démontrer qu’ils ne sont pas tous seuls et que la solidarité internationale se développe aussi contre la machine de guerre de cette
globalisation que nous refusons.

Grupo de Apoyo a los detenidos en Tesalónika

Infos :
-[!]le lien spip suivant n’a pas ete importe correctement dans oscailt: www.tesalonika2003.info [!]
-[->info@tesalonika20003.info]

Madrid, le 7 Novembre 2003.