Cortège de tête du 26 mai – gaza, zone à défendre
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeCortège de têteRacismeRépressionResistances
D’abord parce que nous sommes au lendemain d’un massacre du gouvernement israélien dans la bande de Gaza : une cinquantaine de morts lors d’une Grande marche du retour du 14 mai et des centaines de blessés par balles. Ces massacres sont la conséquence funeste d’une répression sans précédent de manifestations pacifiques, organisées depuis plusieurs semaines par la société civile palestinienne à Gaza. Ces démonstrations de courage et d’héroïsme populaires, ces familles qui tentent de franchir les frontières imposées unilatéralement par Israël, de braver le blocus qui frappe Gaza, sont le fruit d’une campagne menée depuis le mois de mars pour faire valoir le droit au retour des Palestiniens expulsés de 1948, année de la création de l’État d’Israël et de l’épuration ethnique des zones colonisées.
Au-delà de l’émotion et de l’indignation à l’égard de la barbarie israélienne, à l’égard de l’impunité dont jouit Israël à l’échelle internationale, nous affirmons la centralité de la question palestinienne pour notre autonomie. La Palestine est un symbole de dignité, d’une résistance sur la durée et d’une identité politique qui traverse les pays, les religions et les régions au Moyen-Orient. Nous nous reconnaissons dans cette lutte multiforme, parfois pacifique et parfois offensive, ces maquis dispersés dans les camps de Jordanie en 1968, puis aux côtés des progressistes et des chiites libanais dans les années 1970, ces comités populaires organisant l’intifada dans les territoires occupés ou encore les marées populaires à Gaza ces dernières semaines. Pour nous, la Palestine n’est pas simplement une lutte étroitement nationaliste ou religieuse. C’est un combat qui a été le fer de lance des luttes révolutionnaires dans le monde arabe, mais aussi un enjeu majeur des luttes de l’immigration et des quartiers populaires en Europe. Parce que, depuis 1948, les Palestiniens ont été expulsés et ont été installés dans une multiplicité de camps au sein du monde arabe, parce les révolutionnaires du Nord global, après 1968, ont noué leur solidarité combattante avec la Palestine, l’antisionisme est une lutte sur autant de fronts.
Il ne faut pas non plus oublier qu’Israël n’est pas un État comme un autre. Pays sans frontières assignables, conquérant, qui gagne du terrain par l’expulsion et la spoliation des Arabes de Palestine, c’est une ethnocratie biberonnée en dollars et en appui logistique et militaire occidental. Dans le partage colonial du Moyen-Orient de l’entre-deux guerres, c’est une pièce maîtresse de la stratégie de division et de morcellement des classes populaires de la région. Cooptation des élites arabes et soutien au foyer national juif ont été les deux faces de la même pièce. Du soulèvement populaire de 1936 aux effervescences panarabes en Égypte, en Irak, en Syrie, au Liban, c’est la question de la Palestine qui a toujours su briser les alliances contre-natures entre sionisme et réaction arabe. La lutte pour la Palestine est donc aussi le principal vecteur d’une recomposition progressiste des identités confessionnelles et des opprimés au Moyen-Orient.
Aujourd’hui, nous sommes à la veille d’un tournant historique. L’Arabie Saoudite de Salman, l’Amérique de Trump et le gouvernement de Netanyahou cherchent à imposer le deal du siècle aux Palestiniens, un accord de paix impliquant l’abandon de Jérusalem, un État palestinien dans la bande de Gaza et circonscrit à une petite partie de la Cisjordanie – sous patronage militaire d’Israël. Autrement dit, Trump a mis à l’ordre du jour un processus de liquidation de la question palestinienne : il propose ni plus ni moins aux Palestiniens d’abandonner leurs revendications historiques, notamment leur « droit au retour ».
Dans nos milieux autonomes, dans le mouvement social, il y a aussi un risque de liquidation de la question palestinienne. Notre anti-impérialisme est trop souvent caricaturé, simplifié à une lutte binaire entre le Nord et le Sud, voire à un « campisme » solidaire de tel ou tel tyran au nom de son soutien verbal à la cause palestinienne ou à l’anti-américanisme. Il nous faut réaffirmer l’importance stratégique d’un combat anti-impérialiste pugnace.
En premier lieu, l’anti-impérialisme est une lutte contre notre État, contre ses dispositifs sécuritaires, ses partenariats militaires ; cette lutte n’est pas criminalisée par le pouvoir par hasard : de la circulaire Alliot-Marie réprimant le mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël) aux manifs interdites de 2014, l’État français défend sa vieille politique impériale au Moyen-Orient contre les mouvements de solidarité et contre les quartiers populaires en France.
Pour nous, Gaza est une zone à défendre. Zone assiégée, sous blocus économique et militaire, c’est aussi une zone libérée, dont la résistance a su imposer l’évacuation aux forces sionistes. C’est un bastion de la résistance que les Israéliens n’ont pas réussi à « nettoyer » en 2008 et en 2014 malgré des bombardements intensifs. Les « tunnels du Hamas » n’ont pas été démantelés.
Pour notre autonomie, la lutte palestinienne traduit aussi le courage de la durée et de la fidélité au combat. Pour la première fois depuis 70 ans d’existence, Israël perd des batailles décisives : elle perd sa prégnance militaire exclusive dans la région ; elle a perdu les batailles du Sud-Liban et de Beyrouth en 2000 et 2006 ; elle essuie quotidiennement des opérations militaires dans les colonies. Peut-être que le « printemps gazaoui » est le prélude d’une intifada vigoureuse dans tous les territoires palestiniens. Leur intifada est aussi la nôtre. Elle est une école de l’inventivité populaire et d’une cohésion offensive.
Aux côtés des « Quartiers en cortège de tête », marchons contre la liquidation de la question palestinienne.
Du cortège de tête à l’intifada gazaouie, solidarité !
https://paris-luttes.info/cortege-de-tete-du-26-mai-gaza-10299
https://nantes.indymedia.org/articles/41581
bizarre comme un autre article sur le même sujet est passé en “débat”.
Est ce que les modos ont pris “le temps de le lire en détail” ?
N’y a t il rien à dire ici ?
Tu voudrais être modo à la place des modos ?
“Est ce que les modos ont pris “le temps de le lire en détail” ?”
on croit rêver !
L’autre article était une saloperie basée sur l’amalgame antisionisme = antisémitisme, le thème favori du CRIF et de ses idiots utiles gauchistes. ça peut pas marcher à tous les coups sur indymedia.
Est ce qu’on parle de la composition réelle du cortège pro-palestinien à Nantes comme à Paris ou ailleurs
ou
est ce que le troll doit fourbir ses armes pour défendre l’indéfendable ?
Lire cet article et y trouver le terme d’ ethnocratie.
Le pouvoir d’une ethnie !
Si c’est une “ethnocratie”, que sont les arabes israelien-ne-s ? et les musulman-e-s israélien-ne-s ?
Quelle est cette ethnie ?
Les gens que tu décris sont, dans ce pays, des sous-citoyen.ne.s qui n’ont pas les mêmes droits que les autres.
les trolls finiront peut-être par remplacer les modos un jour, mais ça sera pas par ces harcèlements débiles et systématiques contre tout ce qui met en péril leurs valeurs avouées racistes et sionistes :
bien essayé, mais raté :
https://nantes.indymedia.org/articles/41533
https://nantes.indymedia.org/articles/41544
https://nantes.indymedia.org/articles/41549
https://nantes.indymedia.org/articles/41613
https://nantes.indymedia.org/articles/41575
Ghaleb Majadleh,a été le premier palestinien israélien nommé ministre en Israël. En 2007. Alors que les arabes israéliens représentent au moins 20% de la population d’Israël. Il était ministre sans portefeuille et n’avait pas le droit de participer au conseil des ministres. Finalement il est quand même devenu ministre des sports… Ça en dit long sur “l’ethnocratie”.
Par ailleurs si un-e palestinien-e /arabe israélien-e épouse un-e palestinien-e des territoires occupés celui ci ne pourra pas avoir la nationalité israélienne et devra demander un permis de séjour de six mois renouvelable. Permis quasiment jamais obtenu.
Entre autres….
plaquer le terme ethnie parait ici une euphémisation de “race”
NO PASARAN !
Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts »
Dans une tribune au « Monde », l’historien, spécialiste du fascisme, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui.
“Je tente parfois d’imaginer comment essaiera d’expliquer notre époque l’historien qui vivra dans cinquante ou cent ans. A quel moment a-t-on commencé, se demandera-t-il sans doute, à comprendre en Israël que ce pays, devenu Etat constitué lors de la guerre d’indépendance de 1948, fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1 % de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non-juifs, sous sa domination, un monstre ? Quand, exactement, les Israéliens, au moins en partie, ont-ils compris que leur cruauté envers les non-juifs sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs de liberté et d’indépendance des Palestiniens ou leur refus d’accorder l’asile aux réfugiés africains commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ?”
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/18/zeev-sternhell-en-israel-pousse-un-racisme-proche-du-nazisme-a-ses-debuts_5258673_3232.html
En Israël, on débat souvent avec passion du nazisme.
Le grand philosophe Yeshayahou Leibowitz, scandalisé par le comportement israélien après la Guerre des Six Jours, avait parlé de « judéo-nazisme ».
Plus récemment, l’historien Zeev Sternhell, pourtant sioniste a écrit : « en Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ».
Dans la droite israélienne aussi, ce sujet est abordé. Nétanyahou confirme son amitié pour le dirigeant hongrois Viktor Orban alors que celui-ci a entrepris la réhabilitation du régime pronazi de l’amiral Horthy.
Et Moshé Feiglin, candidat malheureux à la tête du Likoud en 1995 avait à l’époque estimé que « le nazisme a permis de sortir l’Allemagne d’une situation de détresse pour l’amener à une situation fantastique sur le plan physique et idéologique ».
Alors, peut-on comparer sionisme et nazisme ?
Il y a une différence fondamentale : à Gaza, en trois grands massacres de 2008 à 2014, il y a eu environ 5 000 morts pour environ deux millions d’habitants. Ça s’appelle crimes de guerre, crimes contre l’humanité, utilisation d’armes interdites et il faudra que les responsables de ces crimes soient jugés.
Dans le ghetto de Varsovie, il y a eu 99% de morts. Ça s’appelle une extermination, un génocide. On ne peut pas comparer.
Il reste que sionisme et nazisme sont au départ des idéologies suprémacistes qui déclarent qu’un groupe humain a tous les droits et que les autres n’en ont aucun. Et que ces deux idéologies ont énormément écrit pour légiférer, pour identifier les privilégiés et pour exclure les autres des droits humains les plus élémentaires.
Mossa’ab Bachir est un jeune gazaoui. Il a été prisonnier politique et a connu les bombardements massifs. Son texte est extrêmement précis et rassemble minutieusement de multiples faits, étayés par d’abondantes notes. Il s’appuie sur ses nombreuses recherches de textes et de documents. Il dégage ainsi un noyau que nous devrions regarder en face : les traits communs aux constructions des suprémacismes.
Cet article est précieux pour comprendre comment les Palestiniens, depuis des décennies, ont été dépossédés de leur terre et privés de tout droit. C’est pourquoi nous le publions.
http://www.ujfp.org/spip.php?article6327
“ethnocratie”, si ce terme ne vous apparaît pour ce qu’il est de plus tragique et pathétique dans ce contexte, vous avez un problème avec l’antisémitisme
Tou-te-s les jui-f-ve-s, comme tou-te-s les israélien-ne-s ne sont pas sionistes et ne sont pas une “ethnie” ou ethnocratie sauf dans quelques cerveaux malades.
Cette “maladie” se nomme antisémitisme !
C’est EXACTEMENT ce que disent les antisionistes et que les sionistes ne veulent absolument pas accepter !
Cette maladie qui considère qu’un Etat et son idéologie sont au-dessus de tout le monde se nomme SIONISME !
Une semaine avant la sortie de “Etat Commun; conversation potentielle” Eyal Sivan parle à Frank Barat, pour “Le Mur a Des Oreilles:
LMaDO: Bonsoir Eyal, on est au café Monk pour la première du Café Palestine qui commence à 19h ce soir, et je voulais te parler un petit quart d’heure de ton film “Etat Commun – Conversation Potentielle” qui sort le 9 octobre en France.
ES: Il sort le 9 octobre en France. Pour l’instant, il n’y a pas de distributeur européen mais il existe, dans le livre, co-écrit avec Eriz Hazan “Un Etat Commun – Entre le Jourdain et la mer”, un DVD du film. J’espère que ça va être le début du tournée européenne… mondiale, qui sait!
LMaDO: Je voulais commencer par te poser une question sur le titre. Ce titre, je le trouve très bon, déjà parce qu’on parle d’un Etat commun et pas d’un État unique. La plupart du temps, quand on parle d’une solution, on parle d’un État bi-national, un État unique, deux États… Un État commun, on n’entend jamais vraiment ça.
Et puis le sous-titre, “Conversation Potentielle”, ça veut dire que potentiellement, elle peut ne pas avoir lieu. Est-ce que tu peux me dire comment ce titre est venu, comment vous l’avez choisi ?
ES: Le titre, “Etat Commun”, est justement venu à partir d’une opposition à la tentative de trouver une solution. Tu le sais comme moi, on parle d’une solution à deux États, d’une solution à un État, d’une solution bi-nationale. On a essayé de poser un principe : parlons d’un Etat qui sera commun. Sa forme étatique est a revoir : État bi-nationaliste, État démocratique, Etat laïque, État unique… nous verrons.
D’abord, essayons de réfléchir à cette notion de « commun », qui est liée à l’opposition, très intéressante en français, entre deux mots qu’on confond qui sont « partition » et « partage ». Aujourd’hui, la majorité des solutions, ou la solution consensuelle, c’est une solution de partition. Le mot commun nous appelle à réfléchir à un partage qui est le contraire d’une partition. Le partage c’est la façon dont on partage un repas, un espace, le commun insinue une égalité. Donc, l’Etat commun n’est pas là pour poser une solution mais pour poser un cadre. Les communs, qui sont aussi issus de communautés, nous rappellent, pour ceux aussi que ça n’effraie pas, le communisme – non pas au sens étatique mais le communisme comme un moyen vers une égalité des communs. Le commun nous a paru beaucoup plus juste que le “one State solution”, l’Etat unique.
Pourquoi « Conversation Potentielle » ? Parce que le film met en scène une conversation qui n’est pas une vraie conversation. Ce sont des interviews individuelles que j’ai effectuées à la fois avec des Palestiniens et des Israéliens autour de mêmes thèmes, et le montage a créé une conversation entre eux. Le mot “potentielle” n’insinue pas que cette conversation n’aura pas lieu, c’est une proposition comme mode de conversation. Ce n’est pas un débat, c’est une conversation basée sur une condition: quand un des intervenants parle, l’autre écoute.
C’est la mise en scène d’un mode de ce qui doit être une conversation sur le commun.
LMaDO: C’est intéressant parce qu’en ce moment, si on prend BDS comme dogme et quand on parle de conversations entre Israéliens et Palestiniens, on arrive très vite à ce thème, qui est assez nouveau, de normalisation: Est-ce que c’est de la normalisation ? Tu parlais d’un besoin de base dans une conversation, qu’il fallait que quelqu’un écoute l’autre. À quel moment cette conversation entre Israéliens et Palestiniens devient de la normalisation et à quel moment peut-elle participer à un futur commun?
ES: La question de la normalisation et la question de BDS ne m’effraient pas. Je suis un adepte farouche du mouvement. Je crois que notre mode d’action aujourd’hui doit être à travers la perspective BDS.
D’abord, parce que les Palestiniens nous ont appelés à ce mode de solidarité. Et puis, parce que c’est un mouvement menée par la voix palestinienne. Il est temps que nous, Israéliens qui nous voyons comme progressistes, suivions et acceptions un mouvement dirigé par des Palestiniens. C’est déjà un bon exercice.
Pour ce qui est de la normalisation : la normalisation est le moment où on instaure une égalité dans une situation où il n’y en a pas. Elle est aussi la tentative de mettre sur un pied d’égalité une voix Palestinienne et une voix Israélienne. Ça n’est pas le cas du film. La conversation potentielle est ici une conversation autour d’un accord qui existe déjà entre les différents participants, qui est la réflexion commune sur un futur commun. Ce n’est pas un débat entre des idées opposées. Bien sûr, il y a des oppositions à l’intérieur du film, mais les oppositions ne sont pas des oppositions Israéliennes-Palestiniennes. Parfois, c’est une opposition entre Palestiniens. Il n’y a pas de normalisation, au contraire il y a une tentative de dénormaliser quelque chose. C’est créer un mode, un combat, une lutte. Il ne faut pas avoir peur du mot lutte, une lutte commune, comme une lutte commune pour l’émancipation palestinienne, une lutte commune sur le BDS. La lutte commune contre la colonisation n’est jamais une normalisation parce que c’est une lutte pour créer les conditions d’égalité. C’est pour ça que je suis parmi ceux qui considèrent que la fin de l’occupation, une lutte qu’il faut mener, n’est pas du tout la fin du conflit. C’est la condition pour pouvoir commencer à parler d’une fin du conflit.
LMADO: As-tu eu l’occasion de montrer ce film en Israël/Palestine?
ES: Non, pas vraiment. Le film a été montré lors d’une première projection en Israël, où les participants du film étaient invités. Il a été montré dans les territoires occupés de 67, une fois, mais je me suis heurté très vite à l’impossibilité de distribuer ce film en Israël, puisque il prend complètement à l’envers la proposition qui est aujourd’hui sur la table : le mode consensuel de réflexion. Il pose les problèmes autrement et considère ce que certains voient comme une solution comme un problème : l’idée même de partition.
LMADO: Il y a eu beaucoup de débats organisés autour du livre et du film avec Eric Hazan, des éditions La Fabrique. As-tu participé à ces débats? Comment se sont-ils passés?
ES: La surprise, d’abord, la surprise de beaucoup de gens, comme à Oslo récemment par exemple, où je participais à la conference “20 ans d’Oslo” à laquelle participaient pas mal de nos amis militants, leaders et autres. La grande surprise fut la différence totale de mode d’expression entre les Israéliens et les Palestiniens. C’est à dire arriver à raisonner autrement, pas dans la plainte, dans la victimisation, dans l’accusation mais dans un effort commun de réflexion. C’est l’intelligence du film. Un élément qui a beaucoup surpris est le fait de considérer que la question d’un État unique n’est pas hypothétique, c’est la réalite. Il y a déjà un État unique, non démocratique, un État d’apartheid, un État unique de ségrégation. La vraie question à se poser n’est pas comment transformer l’État unique en deux États. La question est comment rendre cet État unique injuste un État égalitaire.
LMADO: Aujourd’hui la court suprême Israélienne a rejeté une pétition d’un citoyen Israélien juif qui demandait que la nationalité dans son passeport ne soit plus “juif” mais “Israélien”. C’est donc maintenant dans la loi, il n’y a pas de nationalité israélienne. Il y a deux nationalités : juive et arabe. Que penses-tu de cette question ? Pourquoi n’existe-t-il pas de nationalité israélienne?
ES: Il n’y a pas de nationalité israélienne car Israël n’est pas un État-nation. C’est un État ethnocratique. C’est une ethnocratie. Ce n’est pas un État de citoyens. C’est un État de privilège à une certaine communauté. Je préfère d’ailleurs ce mot à « peuple » ou « groupe social ». Il ne peut donc pas y avoir une identité nationale israélienne car celle-ci dépasse les privilèges des juifs. Il y a eu une nation sud-africaine qui est arrivée à la fin de l’apartheid. C’est l’abolition de l’apartheid qui a permis la naissance de cette nation. Avant il y avait un État blanc avec une majorité noire. C’était la république d’apartheid d’Afrique du Sud. Ce n’était pas la nation sud-africaine.
LMADO: Pour tes positions d’Israélien anti-sioniste tu as eu beaucoup de problèmes. Tu habites en France où on a quasiment plus de problèmes si l’on est anti-sioniste qu’en Israël. Est-ce que la situation, depuis l’affaire Finkelkraut, s’est calmée?
ES: Non, ça ne s’est pas calmé. Le combat a été gagné par les portes-voix du sionisme en France car ils ont réussi à imposer une auto-censure. Pas une censure sur les autres. Aujourd’hui des journalistes et intellectuels français ont peur de prendre position sur la question israélo-palestinienne à cause des campagnes de terreur intellectuelle qui ont été menées pendant des années. Moi, sur le plan personnel, je suis revenu en France après un exil en Angleterre, j’ai fait un peu comme la résistance française. Je suis revenu pour des raisons familiales mais je n’ai plus aucune activité professionnelle en France. C’est peut-être le seul pays européen dans lequel je n’enseigne pas. J’enseigne partout en Europe, je suis invité partout, sauf en France. Je n’ai plus aucune existence publique en France et, d’une certaine manière, la sortie du film en France est un certain retour. Je ne sais pas ce qui va se passer mais je pense qu’ils ont compris, les représentants du sionisme en France – qui, il faut insister là-dessus, sont bien plus nombreux que la toute petite communauté juive de France – qu’il ne faut pas réagir comme ils ont fait dans les années 2000 où ils attaquaient tout le monde en permanence. Maintenant c’est l’ignorance qui domine. Je vois, à une semaine de la sortie du film en salle, aucune demande d’interview en France, très peu de journalistes aux projections de presse. Je pense que la France est un pays gagné par le sionisme, non pas pour des raisons israélo-palestiniennes, mais pour des raisons franco-françaises, qui sont le gros problème qu’a la France avec son propre passé colonial.
https://blogs.mediapart.fr/frank-barat/blog/061013/eyal-sivan-israel-est-une-ethnocratie
Cette maladie qui considère qu’un Etat et son idéologie sont au-dessus de tout le monde se nomme nationalisme !
C’est EXACTEMENT ce que disent les antinationalistes et que les antisionistes ne veulent absolument pas accepter !
il est même des sionistes qui sont contre l’occupation territoriale
Ahmad Tibi n’est pas un député israélien comme un autre. Arabe, c’est-à-dire palestinien, il est aussi, à 55 ans, l’un des plus réputés pour la fougue et la franchise qu’il met à défendre ses convictions. Conseiller de Yasser Arafat pendant les années 1990, ce médecin de formation est entré au parlement israélien en 1999, il s’est fait réélire quatre fois ensuite. Il était l’invité du Parlement européen à Bruxelles cette semaine, l’occasion d’une rencontre pour nous originale.
Quel message apportez-vous à Bruxelles?
Je suis ici pour parler de la minorité arabe d’Israël mais d’abord de ce qui se passe à Jérusalem actuellement. Des responsables israéliennes veulent diviser l’esplanade des Mosquées entre Juifs et musulmans. C’est très dangereux. Une ligne rouge. Exactement le genre de chose qui confère à ce conflit une nature religieuse au lieu de son statut politique. N’oublions pas non plus ce qui s’est passé à Gaza cet été: une agression israélienne et des crimes guerre. Et quand il y a crimes de guerre il y a criminels de guerre. Au niveau politique et militaire. Ceux-ci devraient répondre de leurs actes devant la justice. Pour éviter de nouveaux crimes. Je crois que l’Autorité palestinienne va maintenant dans ce sens.
Croyez-vous que la ligne adoptée par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est la bonne?
Le président Abbas vient de faire un changement stratégique lors de son dernier discours devant les Nations unies. Plus de ces négociations avec (le Premier ministre israélien) Netanyahou, maintenant la bataille est internationale, populaire, légale et diplomatique. Cela va embarrasser le gouvernement israélien, c’est bien pourquoi (le ministre israélien des Affaires étrangères) Lieberman appelle Abbas un «terroriste diplomatique». Un nouveau concept stupide «made in Israel». Selon ce concept, un occupé n’a pas le droit de combattre l’occupation et celui qui se plaint est un terroriste. Alors que le droit de lutter contre l’occupation est légal et humain.
Croyez-vous encore à la solution des deux Etats, Israël et Palestine, vivant côte à côte?
Il y a en effet deux options sur la table du Premier ministre israélien. La solution des deux Etats ou celle d’un seul Etat. Je connais bien les Israéliens: quand vous évoquez ces deux solutions, ils en choisissent une troisième, à savoir le statu quo! Car l’occupation ne leur coûte pas grand-chose. Ni d’un point de vue économique ni d’un point de vue politique. Au contraire, dans la vallée du Jourdain, par exemple, ils en tirent de grands profits économiques. Chaque jour qui passe voit diminuer les chances que soit créé un Etat palestinien indépendant. Les toutes récentes annonces de confiscations de terres près de Bethléem et à Jérusalem sont de nouvelles étapes destinées à empêcher l’établissement d’un Etat palestinien viable avec des frontières contiguës. C’est pourquoi, chez les Palestiniens, de plus en plus de voix parlent de la solution d’un seul Etat, un cauchemar pour la majorité des Israéliens. Pour être franc, j’aime cette idée car c’est la seule qui me permet à moi ou à n’importe qui portant le nom d’Ahmad ou de Mohamed de rêver d’être un jour président d’Israël ! (rires) Plus sérieusement: l’arrogance des dirigeants israéliens dans le style de Netanyahou et cette idée que la force permet tout les mènent à l’échec; ces gens détruisent leur Etat.
Beaucoup d’observateurs estiment que les choses empirent pour la minorité palestinienne en Israël, est-ce votre point de vue également?
Parfaitement! Nous sommes 20% de la population en Israël et nous souffrons de discriminations dans tous les domaines. Par exemple, nous ne sommes que 8% des employés du secteur public, il y a d’ailleurs plusieurs administrations publiques sans le moindre Arabe. A la Banque centrale, par exemple. Au sein de la compagnie nationale d’électricité, plus grande pourvoyeuse d’emplois, nous ne sommes que 2,4%. Et presque aucun Arabe dans les trois catégories hiérarchiques supérieures du secteur public. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Il y a un double système de lois et d’allocations de ressources en Israël: l’un, massif, pour les juifs, l’autre pour la minorité arabe qui souffre de marginalisation dans tous les aspects de la vie: allocation des terres, emplois, budgets, zones industrielles, agriculture, éducation, lieux de culte, etc. Pour les infrastructures, si vous comparez celles des villes juives à celles des cités arabes, il y a un fossé de développement de trente ans entre elles. Ces dernières années, la Knesset a adopté quelque 35 lois qui discriminent entre Juifs et Arabes. Surtout dans les domaines des terres, du logement, de la citoyenneté, etc.
Pourtant, Israël se dit une «démocratie»…
Vous savez, il n’y a pas de Constitution en Israël, seulement des «Lois fondamentales». Selon elles, Israël est défini comme Etat juif et démocratique. Notez: juif avant démocratique. Alors c’est vrai, Israël est juif et démocratique: démocratique pour les Juifs et juif pour les Arabes. Ce n’est donc pas une démocratie mais une «ethnocratie», je pourrais même dire une «judéocratie», une démocratie pour les Juifs. Je dis souvent qu’Israël entretient trois sortes de régimes légaux. D’abord, une démocratie pour 80% des habitants, les citoyens juifs, ensuite, une discrimination raciale contre 20% de la population, la minorité arabe d’Israël, et enfin l’apartheid dans les territoires occupés depuis 1967. La dernière illustration de cet apartheid a été donnée il y a quelques jours par le ministre de la Défense Moshe Yaalon qui a décidé d’interdire aux Palestiniens de prendre les mêmes bus que les colons juifs. Pire que sous l’apartheid de l’ex-Afrique du Sud, où les Noirs pouvaient voyager à l’arrière des bus empruntés par les Blancs.
On a aussi beaucoup parlé de la nouvelle loi élevant le seuil minimal pour être élu, de 2 à 3,25%, qui serait destinée à raboter la représentation à la Knesset de la minorité arabe…
Oui! Avigdor Lieberman (ministre des Affaires étrangères, chef d’un parti de la droite extrême, NDLR), supporté par plusieurs autres partis a réussi à faire passer cette loi. Ce qui veut dire au minimum quatre sièges de députés ou bien rien. Le but principal de Lieberman, bien connu pour être anti-arabe, consiste à mettre des obstacles devant les partis arabes pour qu’ils aient moins d’élus. Cela nous oblige à de nouveaux accords entre les factions arabes de la Knesset, il n’y aura plus trois factions mais une ou deux.
Près de la moitié de l’électorat arabe d’Israël ne vote d’ordinaire pas…
Oui. Mais il y a une différence notable entre la participation des citoyens arabes aux scrutins locaux et nationaux. Pour les locaux, c’est élevé : 90%, pour des raisons d’intérêts locaux. A la Knesset, aux dernières législatives, ils étaient 56% à voter et 53% la fois précédente. Nous avons fait des sondages pour comprendre. La première raison est le désintérêt, ils ne voient pas le lien direct avec leur vie quotidienne. Seuls 15% de ceux qui ne votent pas, qui boycottent, le font pour des raisons politiques. Les partis devraient faire plus pour convaincre les abstentionnistes.
Que diriez-vous aux abstentionnistes politiques?
Selon la loi électorale israélienne, les voix des abstentionnistes soutiennent indirectement le parti qui arrive en tête: celui qui ne vote pas soutient donc (le Premier ministre) Netanyahou ou Lieberman! Autre argument: pour le moment, il y a 11 députés arabes; avec plus de votes dans les zones arabes, on pourrait monter à 16 ou 17 élus et devenir donc bien plus influents. La Knesset est l’endroit le plus important en Israël. Pour expliquer notre cas, non seulement aux Israéliens, mais aussi à la communauté internationale. Je suis ici à Bruxelles, invité par le Parlement européen, parce que je représente la minorité arabe d’Israël et que je suis l’un des vice-présidents de la Knesset.
En janvier 2010, à la Knesset, justement, vous avez délivré un discours fort remarqué à propos de la Shoah…
Qui a été noté par le président de la Knesset à l’époque Reuven Rivlin (devenu résident de l’Etat cette année, NDLR), comme l’un des meilleurs discours à la Knesset de tous les temps! J’y avais beaucoup travaillé.
Vous y démontriez une grande empathie pour les souffrances du peuple juif. Considérez-vous comme d’autres observateurs qu’on ne trouve guère une telle empathie en face vis-à-vis des souffrances palestiniennes?
Oui, c’est tout à fait exact! Hier encore, je donnais un cours dans l’une des meilleures hautes écoles israéliennes, à Haïfa, devant un public entièrement juif. J’ai mentionné ce point, leur manque d’empathie, j’ai évoqué le massacre de Kafr Qassem (en 1956, une cinquantaine d’ouvriers palestiniens d’Israël rentraient chez eux sans être au courant d’un couvre-feu qui venait d’être instauré au village, les soldats les avaient abattus sans sommation, l’épisode est resté comme un traumatisme dans les mémoires chez les Arabes israéliens, NDLR). Un étudiant m’a interrompu en disant: «Je suis sûr qu’il devait y avoir une raison pour laquelle ils ont été tués et je suis sûr qu’ils auraient tué les soldats s’ils en avaient eu la possibilité»… Une ignorance et une arrogance typiquement israéliennes. J’ai répondu: vous êtes très exigeants dans votre attente d’empathie pour vos souffrances, mais vous êtes bien incapables d’exprimer une telle empathie envers d’autres. Dans ce discours à la Knesset en 2010, j’ai parlé du fond du coeur. Je pensais chaque mot que je disais. Mais j’ai aussi dit: nous sommes les victimes des victimes! Victimes des Juifs qui furent les victimes des Allemands. Et c’est très difficile d’être dans cette position. Moi, Ahmad, fils du peuple palestinien, je sens de l’empathie pour les Juifs massacrés par les nazis et je vous demande d’entendre les cris des pères et mères palestiniens qui ont perdu des êtres chers à Gaza ou ailleurs. Eh bien, à ce jour, la grande majorité des Israéliens restent insensibles aux souffrances qu’ils causent aux Palestiniens. La dernière guerre à Gaza, cet été, en est la preuve.
Comment expliquez-vous ce phénomène? On dit que l’éducation familiale et scolaire favorise la paranoïa israélienne, mettant surtout l’accent sur le fait que le monde serait contre eux et, a fortiori, l’environnement arabe, qui n’aurait de cesse de les voir disparaître dans la mer…
Oui, des étudiants hier à Haïfa m’ont répété ça: «le monde est contre nous!». Je leur ai dit: croyez-vous que New York est contre vous? Le Canada? L’Australie? La réalité est que la majorité du monde est avec Israël. C’est pourquoi l’occupation continue. Car il n’y a aucune pression contre l’occupation malgré les souffrances palestiniennes.
Est-il possible de changer cette mentalité israélienne?
Je m’y attache. Et je suis le seul député arabe intéressé par cette question et à faire des efforts en ce sens. C’est une tâche extrêmement dure! J’y consacre des cours, des réunions, des interviews. Je ne me contente pas de mon secteur géographique, je travaille aussi à Haïfa et à Tel-Aviv. Ce discours sur l’Holocauste faisait partie de cet effort. Et pourtant, je dois bien constater une ignorance croissante, une agressivité croissante. Surtout dans des périodes de confrontation entre les deux peuples, comme cette guerre à Gaza, où l’on a vu une radicalisation côté israélien juif dans un sens encore plus raciste. La rue israélienne va vers l’extrême droite. L’extrémisme est devenu courant, majoritaire. Certains de ces extrémistes sont ministres. C’est un gouvernement d’extrémistes et de fascistes. Israël est le seul pays au monde dont le ministre des Affaires étrangères ne vit pas sur son territoire (Lieberman habite à Nokdim, une colonie à l’est de Bethléem, NDLR).
Croyez-vous que le mouvement mondial BDS, qui prône le boycott d’Israël, des sanctions, des désinvestissements, pourrait changer les choses?
Les dirigeants israéliens sont en tout cas très inquiets de ce mouvement. L’apartheid en Afrique du Sud s’est effondré en raison des pressions économiques et diplomatiques. Mais aucune pression du genre n’est exercée contre l’occupation israélienne comme il le faudrait. BDS fait un travail qui influence les choses. Je soutiens le boycott des colonies et des colons.
Certains vont plus loin, disant que c’est Israël qui doit être boycotté…
Oui, je sais. Et il y a des éléments qui vont en ce sens: le secteur bancaire, par exemple. Le système bancaire israélien soutient indirectement les colonies. C’est une question morale.
http://blog.lesoir.be/baudouinloos/2014/11/07/ahmad-tibi-israel-est-une-ethnocratie/
la palestine est une ethnocratie
la fRance est une ethnocratie
la bretagne est une ethnocratie
le sénégal est une ethnocratie
la connerie des trolls est une ethnocratie
Pourquoi Israël n’est pas un état d’apartheid :
1) Les citoyen-ne-s israélien-ne-s, qu’ils soient musulman-e-s, juif-ve-s, chrétien-ne-s, ou athées sont égaux-les. Iels ont le droit de vote et d’éligibilité. Par exemple, les député-e-s arabes israélien-ne-s forment le troisième parti du parlement.
2) L’arabe et l’hébreu sont les deux langues officielles d’israël. Hé oui. Par exemple, les notices des médicaments, les documents administratifs ou les panneaux routiers sont écrits dans les 2 langues.
Ce serait un état apartheid si iels avaient des droits moindres sous prétexte de race etc.
Tsahal (armée israélienne) compte également des arabes musulman-e-s et non musulman-e-s dans son effectif.
A lire attentivement
Palestine – Les leçons de l’histoire : comment les suprémacismes s’installent
http://www.ujfp.org/spip.php?article6327